Contrairement a bien des idées reçues, le Nord n’est pas seulement une région minière faite de terrils et de maisons aux toits en escalier. C’est aussi une côte surprenante qui de Dunkerque à Berck, aux portes de la Picardie, donne à la Mer du Nord et à la Manche ses lettres de noblesse. On doit à Édouard Lévêque ce nom de Côte d’Opale qui évoquait pour lui le littoral entre le Crotoy et Equihin plage.
Personne ne sait très bien pourquoi le terme Côte d’Opale est resté dans les esprits de tous. Pour beaucoup, il symbolise cette lumière très particulière du Nord qui donne aux vastes plages du littoral un éclairage particulier par temps de brume. Opale, jamais une région n’aura aussi bien porté son nom. Car outre la seule vision du peintre, matinée de blanc légèrement cassé, c’est tout un ensemble de villes qui forment cette sentinelle marine tournée vers l’Angleterre. Plus que tout autre région du Nord, cette Côte d’Opale est particulièrement touristique tant la diversité de l’offre est importante. Du char à voile, du vélo, des musées et des zones industrielles à visiter, des ports à découvrir, des villages surplombant la côte à visiter… Bref on ne s’y ennuie jamais. Mais au-delà, c’est aussi une terre d’histoire de la plus récente à la plus ancienne, violentée par les guerres multiples. Enfin, elle est région de saveurs où l’on sait marier les produits du Nord à ceux venus de la mer. Ici les traditions sont fortes, ancrées dans l’esprit de tous et très largement ouvertes aux visiteurs. Vous l’aurez compris il n’y a pas qu’une seule Côte d’Opale. Et pour les découvrir, rien de mieux qu’un peu de temps pour aller du Nord au Sud, de Dunkerque à Berck .
De la frontière belge à Calais
il serait dommage de limiter la Côte d’Opale à sa seule partie française. Pour beaucoup, elle se poursuit au-delà de la frontière et un syndicat franco-belge a même vu le jour pour défendre la spécificité de cette côte. À partir de Bray Dune et jusqu’à Malo les bains, dans les faubourgs de Dunkerque, c’est l’immensité des plages qui marque le visiteur. De très longues et larges plages de sable bercées par les rouleaux où les enfants, comme les parents, aiment à venir chercher les couteaux et autres coquillages. C’est aussi une terre de vent où l’on pratique le char à voile, le kite-surf et d’où s’envolent des cerf volant géants manipulés par d’étonnants pilotes au sol. Chacun des villages que l’on traverse pour rejoindre Dunkerque à 12 km de là, porte un bout de l’histoire de France. C’est une terre de mémoire que Zuydcoote symbolise. Le livre puis le film rendent hommage aux forces militaires qui rembarquèrent à Dunkerque pour rejoindre l’Angleterre et poursuivre la guerre.
Autant d’éléments qui ont fait découvrir la région. A la veille du centenaire de la guerre 14-18, la région remet en lumière les grands sites côtiers qui servirent de base arrière aux armées alliées. Malo les bains, mérite à elle seule que l’on prenne le temps de s’y arrêter. Voilà bien une ville qui reflète à merveille les traditions balnéaires d’un début de 20ème siècle. L’architecture du front de mer est remarquable grâce à quelques « malouines » conservées en parfait état. Signes caractéristiques, leur profondeur, un bow window ouvert sur la mer et un toit en escalier dont on dit qu’il servait aux ramoneurs pour atteindre les cheminées. Malo est donc tout naturellement l’un des premiers lieux de visite au beaux jours. Ajoutons à cela un casino réputé et un palais des congrès très fréquentés, Dunkerque profite largement de ce quartier charmant à quelques pas du centre ville. Contrairement à ce que souvent on imagine, Dunkerque fortement détruit pendant la seconde guerre mondiale a du charme. Certes, le beffroi central, tout comme la place Jean Bart (le corsaire est originaire de la ville) y sont pour beaucoup tout comme le pôle marine qui donne un avant gout du port industriel, l’un des plus importants d’Europe. Bonne nouvelle, des visites organisées permettent de visualiser concrètement ce qu’est un porte conteneurs géants. Impressionnant.
En route pour Calais
Si vos seules souvenirs sont les bourgeois et la dentelle, il vous faut revenir de toute urgence sur cette partie nord de la côte d’Opale. La route qui mène de Dunkerque à Calais offre bien d’autres intérêts. Elle passe entre autres par Gravelines, à la limite de la Flandre maritime en bordure de la mer du Nord, connue pour sa centrale nucléaire et son équipe de Basket, mais qui a su rénover une bonne partie de son architecture historique. Elle a conservé un patrimoine militaire important : le château-citadelle, les petites poudrières disséminées dans la ville, les casernes, la citerne, les corps de garde. A ces bâtiments de l’époque moderne, sont venus s’ajouter, deux poudrières enterrées du XIXe siècle et plusieurs Blockhaus de la Seconde Guerre mondiale. Le beffroi symbole de la cité, domine quelques belles demeures à l’ancrage chiffré du XVIIIe siècle et des maisons traditionnelles plus modestes, héritage de l’ancienne cité de pêcheurs et de jardiniers. Les trois églises paroissiales, recèlent des trésors : un orgue du XIXe siècle, des fonds baptismaux en marbre du XVIe siècle, un cénotaphe sculpté par François Girardon (1628-1715). Enfin, son phare reste un symbole fort du patrimoine maritime tant il a su conserver les traces d’un passé encore récent fait de tempêtes. Juste avant Calais, le platier d’Oye et sa réserve naturelle attirent les randonneurs. Ici, on vient observer les oiseaux et se promener sur une plage à l’horizon infini. Puis arrive Calais qui, elle aussi, a connu les affres de la guerre. Calais n’est pas seulement une ville industrielle. Bien au contraire. Premier de ses atouts, une plage de sable fin qui débouche sur le quartier du Courgain Maritime né vers le 9ème siècle et qui rassemblait des familles de marins-pêcheurs. A côté, c’est un fort du XVI siècle, bâti sur l’emplacement d’une ancienne tour anglaise dite » Tour de Lancastre » qui s’offre au regard du visiteur. On ne peut oublier la citadelle construite sur les fondations d’un château médiéval entre 1560 et 1571 et, à l’ouest de la ville, le Fort Nieulay où en 1525, une forteresse anglaise qui protégeait le système d’écluses susceptibles d’inonder le pays en cas d’agression fut édifié. C’est en 1677, que Vauban dessine les plans du fort actuel bâti sur pilotis. Enfin, prenez le temps d’une halte sur la Place d’Armes, dominée par la Tour du Guet dont le sommet culmine à 38 m. On ne saurait quitter la ville sans s’arrêter devant l’incontournable et majestueux Hôtel de Ville, de style renaissance flamande avec son beffroi qui culmine à 75 mètres. Mais Calais est aussi devenu une zone commerciale internationale avec ses magasins d’usines à moins de 5 kilomètres du centre ville. Les plus grandes marques s’y sont installées pour le plus grand bonheur de nos voisins anglais venus d’un coup d’Eurostar ou via les ferry.
Un roc que dis-je un cap !
Ce sont les bijoux de cette côté d’opale, à un jet de voiture de Calais. Les cap Gris Nez et Blanc Nez sont aujourd’hui « grands sites de France ». Avec ses 23 km de littoral et des falaises abruptes, le site des Deux Caps propose un superbe sentier balisé qui permet de relier le Cran d’Escalles à la Dover Patrol. D’autres chemins permettent d’accéder aux deux caps avec, à la belle saison, des visites guidées pour comprendre la géologie et l’organisation des lieux. Boulogne sur Mer abrite l’un des aquariums les plus exceptionnels de France, Nausicaa. C’est un lieu magique qui a scénarisé la mer et ses habitants pour faire de la visite un spectacle permanent. Un lieu d’expression qui abrite des expositions temporaires, des dizaines d’aquariums géants qui reproduisent des parties du globe, de la plus chaude à la plus froide. Il faut une bonne journée pour faire le tour des lieux voire participer à des ateliers. Mais au delà, la ville au titre envié d’art et d’histoire, très orientée sur l’activité halieutique (c’est le premier port de pêche de France), a su conserver sa ville haute, dernier vestige des villages de pêcheur des siècles derniers.
Boulogne sur mer abrite une citadelle à voir, tout comme la crypte notre dame, la poudrière napoléonienne et… Son beffroi, véritable signature du Nord. Se présentant comme la capitale de la Côte d’Opale (ce que contestent d’autres cités locales), Boulogne est sans doute l’une des plus riches en architecture. Elle porte fièrement ses 2000 ans d’histoire et fait de sa visite l’un des lieux de passage obligé pour qui veut comprendre la Côte d’Opale.
Inutile de le cacher, le circuit demande du temps. Au moins 4 jours pour une première visite. Au delà, les amateurs de plein air apprécieront de passer de la mer à la randonnée pédestre dans l’intérieur des terres. Dans ce pays ou souffle « l’esprit de la vie » tout se fait autour d’un bon repas car si la gastronomie se découvre à chaque coin de route, c’est dans les bars et les estaminets qu’elle se livre aux voyageurs. Mais attention, nous ne sommes pas en pays cht’i. Vous vexerez vos hôtes. Nous sommes en Côte d’Opale. Tout un programme à part entière.
superbe article sur la cote d’opale : ça fait plaisir de voir que cette région magnifique commence à sortir de sa torpeur et attire de plus en plus de touristes et de personnes des hauts de France !
Très intéressant, nous sommes fan de la côte d’opale mais apparemment ont ne connais pas grand choses. Merci à vous