Porto, à découvrir… sans modération !

© JPPinheiro - OT Portugal

Classé au Patrimoine mondiale de l’Unesco depuis 1996, le centre historique de Porto conduit à une extraordinaire plongée dans l’histoire. Le temps semble ici s’être arrêté dans les années 50, même si le choix de la ville comme Capitale européenne de la Culture, en 2001, a donné un nouvel élan à la belle endormie.

Porto, c’est tout simplement Le Port. Un nom donné par les Romains qui symbolise toute l’histoire de la ville. Posé à l’embouchure du fleuve Douro sur l’Atlantique, Porto rassemble 2000 ans de commerce maritime, allant jusqu’à donner son nom au Portugal. Il a permis aux Quintas d’exporter leurs productions (dont le Porto, bien sûr) et au Portugal d’importer les richesses des colonies. Un rôle clé dans l’économie de tout un pays.

Alors que Lisbonne vit sa vie de capitale avec toute la nonchalance du Sud, Porto est une ville atlantique, active, presque laborieuse qui s’étale des deux côtés du fleuve jusqu’à de magnifiques jardins en bord de mer. Son quartier historique est accroché en étages sur le granit.

Pour découvrir la ville, on commence par la Ribeira, la partie de la ville située près du fleuve Douro, et on grimpe les ruelles escarpées, des rives du fleuve jusqu’à la ville haute, pour un panorama superbe sur les toits et les rives. Seule consigne pour bien découvrir la ville : porter de bonnes chaussures, et marcher !

Des ruelles où s’attabler

Du gris, du bleu et du blanc : du gris pour le granit qui construit les maisons, du bleu pour le ciel qui domine la ville, du blanc parce que les façades qui ne sont pas en pierre sont régulièrement chaulées. Le quartier de La Ribeira, au bord du fleuve, donne le ton de la ville historique. C’est un quartier populaire où les anciens sont assis au bord des fenêtres pour se chauffer au soleil ou attablés au café pour refaire le monde et regarder les passants.

Les façades défient le temps, les magasins ressemblent souvent aux commerces des années 50. Drogueries, petites épiceries, peu ou pas de touristes, des immeubles au charme désuet, aux fenêtres desquels le linge se balance doucement au gré du vent. A Porto, «la ville insoumise» comme le disent eux-mêmes les Portuenses (les habitants de Porto), on a parfois l’impression que le temps s’est figé au soleil avec une animation de village.

Très vite en grimpant les ruelles, voici de plus larges rues et les bâtiments néo-classiques et romantiques des 19ème et 20ème siècles. Le Palacio Da Bolsa, imposant édifice de style néo-classique, abrite l’Association des commerçants de Porto. Construite sur le site d’un couvent franciscain, la vieille bourse du commerce est surtout connue pour sa splendide salle Maure, où de nombreux chefs d’état, de la reine d’Angleterre à Jacques Chirac, ont été reçus ces dernières années pour y recevoir les clés de la ville. La visite du monument, emblématique de la bourgeoisie portugaise du XIXème, révèle de magnifiques ouvrages de marqueterie et de travail du stuc. Petit détail à remarquer, chaque pièce possède un parquet aux motifs différents.

La Palacio da Bolsa héberge l’Association commerciale de Porto – DR

Autre édifice qui signe Porto, l’Instituto do Vinho do Porto, à côté du Palais de la Bourse. C’est le siège de l’organisme qui garantit officiellement l’origine de tout le vin de la région. Il appose un sceau blanc sur le goulot qui garantit l’origine contrôlée, du cépage jusqu’au vieillissement et à l’embouteillement du vin. Sans ce sceau, ce n’est pas du porto !

Encore quelques pas et voici l’église Igreja da Cedofeita. Ce n’est pas ce qui manque, les églises, dans un pays à la foi catholique inébranlable, et les clochers qui parsèment la ville démontrent la ferveur des Portugais. Celle-ci n’est pas la plus grande, mais la plus ancienne. De style roman, elle est à visiter pour ses azulejos, carreaux de céramique bleu azur qui décorent le bas des murs.

Azulejos di Torneio de Arcos de Valdevez,
à la gare de Porto – DR

En face se trouve la gare, l’Estaçao de Sao Bento qui abrite aujourd’hui les lignes régionales mais se trouve être… un ancien couvent. Ce véritable monument art-déco est couvert de céramiques datant du début du XXème siècle, retraçant l’évolution des moyens de transport jusqu’au train.

Vous aimez les marchés ? A ne pas manquer, les étals multicolores du marché Bolhã , rua Fermosa. C’est dans ce quartier qu’il faut s’attabler pour goûter les tripes, la spécialité de la ville depuis le 16ème siècle. Et pour cause : pour nourrir la flotte partie à la conquête de l’Afrique du Nord, la ville a dû donner toutes ses réserves. Ne restaient plus que les tripes, bas morceaux que les habitants se sont mis à cuisiner, devenant les « Tripeiros (mangeurs de tripes). L’une des spécialités gastronomiques de la ville est donc les  » tripas à moda do Porto », avec des haricots blancs.

Quartier chic et années 20

Pour digérer, rien de mieux que de poursuivre la promenade vers les hauts de la ville en remontant la rue piétonne Santa Catarina, rue commerçante de la ville semée de beaux bâtiments années 20. Pause obligatoire au Café Majestic, pour son ambiance « so British ! » très années 20 (au 112 Rua Santa Catarina). Touristes, retraités, jeunes branchés : tous s’y retrouvent pour boire un verre entre amis, ou siroter un café en lisant un journal, dans une ambiance très 19ème.

la f açade de la librairie Lello –
© Wikipedia

Dans la même rue, prenez sur la droite la rua das Camelitas pour la Librairie Lello e Irmao, l’une des plus belles du monde, fondée en 1904. Classée au Patrimoine national du Portugal, elle ressemble fort à la bibliothèque d’un congrès avec ses escaliers monumentaux en bois exotiques, ses plafonds à vitraux et ses immenses rayonnages. Elle aurait inspiré la bibliothèque d’Harry Potter ! On peut boire à l’étage un thé ou céder à l’appel d’un verre de Porto.

On poursuit la visite ? Il faut encore grimper mais cette fois, les 225 marches de la Tour dos Clerigos, la tour d’une église de style baroque, symbole de Porto. Pas plus de 75 mètres qui permettent d’accéder à une vue magnifique qui embrasse la ville et permet de comprendre comment elle s’est développée autour de la mer et du fleuve.

Porto Vu de Gaia – © JPPinheiro – OT Portugal

La découverte du quartier historique donne envie d’en savoir plus sur la ville. Il suffira en redescendant de franchir le pont Dom Luis I – réservé aux piétons – ou le Pont Maria Pia (construit par Eiffel) pour atteindre la ville nouvelle de Gaia et admirer des chais à perte de vue. Dans les caves perchées au dessus du Douro, le précieux nectar se prépare depuis plus de 300 ans. Ce sont les Anglais au XVIIème siècle qui, en froid avec les Français et donc en manque de vin de Bordeaux, ont développé ce vin liquoreux avec les Portugais. Depuis les chais, la vue est imprenable sur Porto de l’autre côté de la rive. Une autre façon d’admirer la ville historique.

Pop, kitsch et baroque

Après ce saut dans l’histoire, la Casa De Musica (Avenida da Boavista. Tél : 220 120 220) apparaît comme un étrange champignon poussé dans le quartier moderne de la ville. Dernier projet initié par le programme de Porto capitale Européenne de la culture en 2001, la salle de concert réalisée par l’architecte néerlandais Koolhas, est un espace qui détonne. Ultra-moderne par rapport au centre-ville, la Casa de Musica ( entrée :7,50 €. Visite guidée uniquement) a une allure d’OVNI avec sa structure en porte-à-faux ayant très peu d’assise au sol. L’intérieur de ces neufs étages de verre et de plexiglas est un subtil mélange d’azulejos, de pop, kitsch et baroque, à l’image de la grande salle de concert et de son orgue doré suspendu.

La Casa Serralves, dans le parc du Musée – DR

Toujours dans le quartier moderne de la ville, la Fondation Serralves ( 210 Rua Joao de Castro. Prix musée+parc : 5 €) ravira les amateurs d’art contemporain. Inaugurée en 1999, cette fondation culturelle est l’une des plus active du pays. Hormis l’architecture originale d’Alvaro Siza et les expositions, on apprécie surtout les splendides jardins où il fait bon flâner. Des curiosités ponctuent la ballade, comme par exemple une gigantesque pelle, semblant sortie d’un livre pour enfants, ou, plus raffinée, la Villa Serralves, gros bonbon rose art-déco, abritant aujourd’hui le siège de la Fondation et faisant face à un azulejos naturel : un petit canal aussi bleu que le ciel !

Visiter Porto
Y aller : la ville de Porto est desservie quotidiennement par de nombreuses compagnies aériennes dont EasyJet, Ryanair, Transavia (filiale d’Air France). Le vol dure 2h au départ de Paris. Le centre-ville est accessible en une vingtaine de minutes de l’aéroport par le métro.
A faire : pour admirer le fleuve et son activité, faire un tour en tram N° 1 qui longe le Douro depuis l’arrêt Mossarelos ou encore une balade d’1 heure en bateau sur le trajet des 6 ponts et retour, départ cais ribeira ou en face, sur les quais de Vila Nova de Gaia.
• Déguster la morue, qui se prépare selon 365 recettes, selon les habitants de la ville ! Par exemple aux caves Taylor’s à Vila Nova de Gaia. Menus de 30 à 40 €.
• A savoir : Le Portugal conserve toute l’année une heure de décalage horaire avec le reste de l’Europe.

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