Non, les vrais « bons plans » dans le tourisme n’existent plus !

bons plans voyage

Pour les journalistes spécialistes du tourisme, il n’est pas rare qu’une question soit posée à la fin du repas : « Toi qui connais bien le métier, quels sont les bons plans que l’on peut trouver en ce moment? ». Et si vous avez le malheur de répondre que les bons plans n’existent plus, vous serez fusillés du regard par une assistance persuadée que vous les gardez pour vous !

Peut-on définir facilement ce qu’est un « bon plan » dans le monde du voyage. Malheureusement, non car les critères sont tellement nombreux qu’il est plus facile de démonter les astuces marketing d’un voyagiste que d’expliquer pourquoi le prix proposé est une réelle bonne affaire. Soyons clairs, les prix cassés qui existaient il y a encore 10 ans n’existent plus aujourd’hui sous la même forme.

Comprendre les mécanismes économiques

Pour mieux comprendre cette affirmation, il faut savoir comment se construit un voyage. C’est avant tout l’association d’un vol (ou d’un transport terrestre), d’un hébergement et éventuellement de transferts, d’excursions ou d’animations spécialisées. Rien de très complexe sur le papier. Et pourtant, au quotidien rien n’est simple !

Le vol, l’élément clé d’un bon plan

Pour le vol, les critères sont nombreux. A la base, la disponibilité d’un transport aérien reposait sur la capacité du voyagiste à réserver de façon ferme et définitive un certain nombre de sièges dans les avions. Si à la date du départ, les sièges n’étaient pas vendus, ils étaient perdus. Seule possibilité, brader le prix du séjour sans trop rogner la marge du tour opérateur déjà naturellement faible (entre 3 et 7%).

La solution ? Baisser le prix global du voyage en tenant compte du prix payé pour le siège d’avion. C’était la définition même du bon plan. Idem pour l’allotement hôtelier. Bref, une combinaison réfléchie des deux pouvait donner de bons résultats.

Mais depuis, tout a changé. Malheureusement, la crise a conduit certains tour-opérateurs à ne plus réserver les sièges de façon ferme. Les sièges non vendus 30 ou 45 jours avant le départ (ou plus, si la pression sur la destination est forte) sont remis à disposition de la compagnie aérienne qui les commercialisera directement. Dans ce cas, c’est la compagnie qui, disposant d’un nombre de sièges à vendre en dernière minute, est prête à consentir un tarif particulier. C’est donc a priori à ce niveau, auprès de la compagnie aérienne elle-même et directement sur internet, que l’on trouve des bons plans.

Mais attention, toutes les destinations ne sont pas concernées. Seules celles générant du trafic aérien soutenu sont gérées de cette façon.

Autre solution, faire confiance au yield management, qui consiste à adapter le prix en fonction de la demande (plus elle est forte, plus le prix du siège augmente). C’est l’autre source de bons plans aériens. Au moment où le volume de clients est en forte baisse, les prix deviennent attractifs. Mais il s’agit de vouloir partir sur une destination boudée – ou soumise à forte concurrence – et à des dates peu fréquentées. Enfin, les politiques des low-cost engagées depuis des années permettent, elles aussi, de trouver quelques bonnes affaires même si depuis deux ans les spécialistes du marketing ont compris comment faire croire aux acheteurs qu’ils font une bonne affaire. Nous y reviendrons.

Devenir son propre chasseur de bons plans

Le self travel annoncé au début des années 2000 dans les pays anglo-saxons se met en place en Europe. C’est une tendance qui explose chez les seniors. Attention pourtant, cette situation ne saurait être valable que dans les zones où l’on dispose d’un grand nombre de biens à louer. Généralement une ville ou des stations balnéaires.

Toutes les destinations ne sont pas accessibles
en self travel

Pour cette fabrication individuelle de son propre voyage, le panel de possibilités est lui aussi assez large. Internet a bousculé les habitudes et le volume d’infos disponible sur la toile donne des ailes même aux plus peureux. Organiser, entre autres, un séjour aux USA comme au Canada est d’une simplicité biblique. Idem, quand la situation aura évolué, vers Hong Kong, Beijing, Shanghai, Singapour ou le Vietnam. Pas plus compliqué pour l’Australie ou la nouvelle Zélande.

Si vraiment, vous ne vous en sentez pas capables, des « réceptifs » sauront vous assister. Un réceptif ? Le mot explique à lui seul son activité. Ce sont généralement des Français installés à l’étranger où des locaux francophones qui vont devenir vos yeux et vos oreilles pour organiser votre voyage. Ils connaissent bien les hôtels, assurent les transferts et vous guident vers ce qu’il faut absolument voir. Un service pas plus cher qu’un voyagiste mais mieux adapté à vos demandes. Un sur-mesure qui prend en compte vos besoins, que ce soit en matière de santé ou de découvertes sportives ou culturelles.

Évitez les faux bons plans

Voilà donc posé l’état des lieux. Il reste à comprendre comment fonctionne le faux bon plan, celui qui fleurit sur internet et qui, pour plus de 80% d’entre eux, ne sont construits que sur des arguments marketing.

Le plus connu est celui du « prix barré ». Faire croire aux acheteurs qu’ils vont payer 3 ou 400 euros de moins que le prix officiel… Un leurre, car ce fameux prix officiel n’est qu’une interprétation commerciale qui ne repose sur rien de très concret.

Ici toutes les astuces marketing
sont utilisées : le prix, la
demande et la facilité de
paiement !

Idem pour l’aérien. Le prix d’appel « aller » souvent inférieur à une cinquantaine d’euros est compensé pour la compagnie par celui du retour, deux ou trois fois plus élevé. Au final, la low-cost qui apparaît moins cher (et qui souvent l’est face aux compagnies régulières) proposera un billet loin du prix d’appel proposé.

Ajoutez à cela l’astuce du « bagage non compris » donc à payer en plus et celle de l’aéroport éloigné de votre destination finale – ce qui induit des frais de transport supplémentaires – et le prix réel est loin des promesses initiales. Sur un Paris/New York, votre prix final sera parfois supérieur au tarif d’une compagnie régulière. Difficile alors de parler de bon plan !

Assurance et risque du bon plan

La loi française a le mérite de protéger le consommateur qui passe par une structure commerciale immatriculée, elle dispose d’un fond de garantie en cas de défaillance. Ce sont généralement les agences de voyages, qu’elles aient pignon sur rue ou qu’elles exercent sur le net. Cette garantie est un atout de taille pour le client qui sait ainsi qu’en cas de soucis majeurs, il sera remboursé ou transporté sur le lieu des vacances choisies.

Pour le reste, réceptif ou self travel, c’est a priori l’inconnu. A priori seulement car très peu de problèmes sont constatés sur la réservation aérienne auprès de compagnies reconnues ou de sites réputés sérieux comme AirBnB. Mais bien évidemment, une faillite de dernière minute n’est jamais à exclure. On l’a vu récemment avec Aigle Azur ou Thomas Cook. Par ailleurs le self travel évolue et des assurances se mettent en place depuis quelques mois. En France, elles sont rares et reposent sur des garanties associées au transport voire à l’hébergement.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui pour des destinations « faciles » comme le Maroc ou les États-Unis. Peut-être, vers des pays plus complexes mais maîtrisables (Amérique du Sud, Océanie, Australie…). Moins simplement pour des lieux réputés difficiles, que ce soit pour la langue ou l’accessibilité. Dans ce cas, un voyagiste spécialisé sera à conseiller. Pour autant, et on le voit quotidiennement, la tendance se développe très vite de l’organisation volontaire d’un voyage pour de petits groupes constitués. Sans doute faut-il y voir cette fameuse image d’un monde qui se rétrécit… Pour le plus grand bonheur des seniors voyageurs.

Des questions à nous poser ? redaction@seniorvoyageur.com

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