Les 10 sites menacés par le tourisme de masse

Voyager autrement, un état d'esprit - DR

Quand l’envie nous taraude mais que la raison nous tenaille ! Le nombre de touristes a augmenté de façon exponentielle au cours des 20 dernières années, et certains endroits sont si populaires que leur intégrité est menacée par la masse de visiteurs. Le touriste a bien envie de partager l’émotion commune, mais le citoyen s’inquiète ! Petite sélection de dix endroits dans le monde particulièrement menacés par leur fréquentation. Y aller ou pas, ce sera ensuite la question existentielle du touriste responsable.

1 – Venise

Les 10 sites menacés par le tourisme de masse

L’image d’un immense paquebot longeant la fragile lagune de Venise, récemment à la télévision, a laissé pantois les amateurs de la Cité des Doges. Pas moins de 500 paquebots passent ainsi chaque année entre les îles et la Place Saint-Marc, pour fournir une plus belle vue aux photographes. Quitte à ce que la pollution des bateaux et la pression de l’eau ravage un peu plus la merveille qu’ils admirent ! Venise est autant submergée par les touristes que par l’eau. Selon une étude réalisée en 1988, le nombre maximum acceptable de touristes par jour pour Venise était de 33.000, or aujourd’hui on est à 59.000 touristes par jour en moyenne. Selon les experts, cette marée humaine entraine une forte croissance des transports aquatiques dans la ville, causant la destruction progressive de l’écosystème propre à une lagune, avec son mélange d’eau douce et d’eau de mer et ses fonds relativement bas sur lesquels vivaient des plantes capables d’oxygéner l’eau. Il ne faut accepter qu’un nombre très limité de groupes organisés de touristes et seulement sur réservation, propose l’ONG Italia Nostra, même si elle est consciente qu’une mesure de ce genre entraînera une réduction des flux commerciaux et, en apparence, le déclin de l’économie locale.

2 – L’île de Pâques

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Les alignements interrogent toujours les visiteurs – DR

L’accès à la fameuse île de Pâques, qui appartient au Chili, est désormais organisée avec un Pass que gèrent les autorités locales avec les agences de voyage, pour réduire le nombre et la durée des séjours sur place. L’ile, qui accueille aujourd’hui 5000 habitants (contre 3000 il y a 5 ans !) ne peut plus supporter qu’autant de mains, même admiratives, touchent les fameuses statues Moai. Véritable musée vivant, l’île est désormais réservée aux happy few. Le danger : l’organisation d’une véritable contrebande des fameux sésames, et un tourisme réservé aux riches.

3 – Les îles Galapagos

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Les îles Galapagos, si fragiles – DR

Leur faune et leur flore est unique au monde, valant dès 1978 aux Galapagos une inscription méritée sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.
Mais les visiteurs qui piétinent cet écosystème fragile en menacent la survie. Les îles volcaniques, rendues célèbres par l’expédition de Darwin au XIXe siècle, ont un accès restreint à 200 000 visiteurs par an et la zone militaire équatorienne est très surveillée par la marine par souci de protection de l’environnement. Des catamarans circulent entre les îles, munis de balises de géolocalisation. La plongée y est très pratiquée, en espérant que chaque plongeur sera suffisamment responsable pour ne pas bouleverser la vie sous-marine. A priori, les îliens veillent. Très sourcilleux, ils ont interdit l’achat du moindre terrain, d’un bateau ou d’une maison à toute personne qui n’est pas née dans l’île. Mais ils ne peuvent pas mettre un gendarme derrière chaque touriste…

4 – Le mont Kilimandjaro

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Le Kilimandjaro une merveille qui s’admire de loin ? – DR

Son nom même est un voyage, dans les pages d’Hemingway pour commencer et avant même l’ascension du « toit de l’Afrique » et de ses trois montagnes. Des montagnes qui ne demandent pas de vraies compétences d’alpinistes pour les gravir et admirer de haut les plaines que les monts dominent.
Il existe d’ailleurs plusieurs voies pour les sommets, et chaque année, environ 25 000 personnes décident de relever ce défi. Contribuant à l’érosion et à la pollution de la montagne tanzanienne, classée elle aussi au Patrimoine mondial.

5 – Le mont Everest

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L’Everest et ses mirages – DR

On pourrait croire que l’ascension de l’Everest est réservée à une élite. En fait, on surnomme parfois son camp de base «le dépotoir le plus haut du monde», tant les visiteurs y ont laissé de déchets et de pièces d’équipement depuis des années.
De multiples opérations de nettoyage ont été organisées, et le gouvernement impose maintenant un dépôt aux aventuriers, remboursable uniquement s’ils rapportent tout leur équipement avec eux. Sans l’escalader, près de 700 000 visiteurs se bousculent chaque année au pied de la plus haute montagne du monde, ravinant ses sentiers.

6 – Le Machu Picchu

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Gare au mal des montagnes,
sur les hauteurs du Machu Picchu ! – DR

Le sanctuaire historique est une merveille située à 2430 mètres d’altitude. La cité Inca du XVème siècle tient toute sa notoriété de sa construction improbable dans un site quasi inexpugnable du Pérou. Aujourd’hui il n’est plus inaccessible et le site archéologique de Machu Picchu est même l’endroit le plus visité en Amérique du Sud. Alors qu’en 1992, moins de 10 000 visiteurs s’y rendaient chaque année, ils sont aujourd’hui 10 fois plus nombreux.
Des dizaines de trains vantent « une incroyable journée a la découverte de la cité perdue » et partent tous les jours d´un peu partout et un simple voyage en bus d’une quinzaine de minutes conduit ensuite… devant le guichet d’entrée et son ticket d’accès. De nombreux touristes s’écartent des chemins balisés pour avoir une vue unique, si bien que ces milliers de pieds qui foulent le sol de la citadelle inca contribuent à en fragiliser la structure. Les équipes d’entretien peinent à réparer les dommages. En 2008, l’Unesco a lancé un avertissement au sujet du sanctuaire, soulignant les problèmes de déforestation, de glissements de terrain et d’accès illégal découlant du tourisme de masse.

7 – Les tombeaux égyptiens

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Le temple d’Abou Simbel, sur le lac d’Assouan
– DR

Des mesures draconiennes ont été prises par le gouvernement et le Ministère égyptien de la culture pour protéger les sites et tombeaux, notamment dans la Vallée des Rois et la Vallée des Reines. Plusieurs tombeaux supplémentaires ont été fermés, les peintures murales étant abimées par le gaz carbonique et l’humidité dégagés par la respiration des milliers de touristes qui y passaient.
Des restrictions sont prises également sur d’autres tombes et temples, mais des passe-droits existent encore. Et certains sites, comme celui des temples d’Abou Simbel, sont très peu encadrés. Par ailleurs des sites méconnus des archéologues sont encore régulièrement découverts et pillés. La seule solution : qu’il n’y ait pas de client pour les vestiges. Mais là, ce n’est plus du ressort des touristes.
A savoir: le passage des antiquités aux frontières est très rigoureusement surveillé. Il reste qu’au pays des Pharaons, des initiatives apparaissent pour favoriser un tourisme « écologique », notamment dans des éco-lodges au calme des oasis.

8 – Pétra, en Jordanie

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Le Trésor du site de Petra, en Jordanie – DR

Un long corridor entre deux falaises ocre et soudain l’éblouissement : le Trésor, cette fameuse façade de bâtiment surprenante, comme une église arrachée à la pierre. Classée au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985, la Jordanie a fêté en 2012 les 200 ans de redécouverte de cette merveille. Amman compte sur son attraction pour relancer la destination Jordanie. Il reste que le gouvernement s’est alarmé dès 2008 des risques lié au tourisme de masse sur un site fragile, balayé par les vents et piétiné par les touristes. La seule solution serait de poursuivre son exploration, qui est loin d’être terminée, et d’en baliser la visite voire dans restreindre l’accès. Quitte à perdre en authenticité pour les aventuriers.

9 – Angkor, au Cambodge

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L’un des multiples temples d’Angkor en plein coeur de la jungle – DR

Restaurés, parfois même reconstruits, les temples anciens d’Angkor, au Cambodge, sont visités eux aussi chaque jour par des milliers de visiteurs. Plusieurs temples reposent sur des plateformes érodées par les siècles. De nombreux touristes quittent les chemins balisés pour explorer le site par eux mêmes, selon les observateurs du World Monuments Fund, l’organisme qui se consacre à la préservation du patrimoine. Le Cambodge ne publie pas les chiffres exacts de fréquentation mais Angkor Vat est devenue une importante destination touristique pour l’Asie, avant même l’Europe. De très nombreux hôtels sont maintenant installés aux portes du site, accentuant la pression touristique.

10 – La Méditerranée

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Les plages de Nice, toujours plus fréquentées malgré les galets – DR

Selon le World Wildlife Fund (WWF), le tourisme de masse est l’une des causes majeures de la dégradation des côtes et de l’écosystème marin de la Méditerranée. En développant leurs infrastructures pour accueillir ces visiteurs, les pays côtiers transforment des régions entières, ce qui menace des zones naturelles. La mer Méditerranée attire annuellement 220 millions de visiteurs, l’Organisation Mondiale du Tourisme prévoit que d’ici 20 ans, ils seront 350 millions.
La seule solution est politique, avec l’appui des touristes qui doivent exiger des installations éco-construites, avec recyclage des eaux usées, tri des déchets et responsabilité environnementale globale. Un vœu pieu à l’heure actuelle même si certains pays, comme l’Espagne (soumise à de sévères pénuries d’eau), s’interrogent sur leur capacité à augmenter encore leur capacité d’accueil.

Petit mémo de la conduite du touriste responsable

Voyager responsable, c’est prendre en compte l’impact de son voyage sur l’environnement et les populations visitées. Votre agence de voyage doit vous aider à sélectionner l’offre adéquate et vous aider à vous informer sur la pratique d’un tourisme qui ne compromette pas les sites et les pays. Parce que nos petits-enfants, aussi, auront plaisir à les visiter !

Avant de partir
▪ Choisir son mode de transport de façon responsable : le train plutôt que la voiture ou l’avion quand cela est possible par exemple
▪ Compenser ses émissions de CO2
▪ Choisir un hébergement responsable ou un voyagiste engagé
▪ Se renseigner sur la culture locale, et apprendre quelques mots de la langue locale, ne serait-ce que pour remercier ou dire bonjour.
▪ Préparer une valise responsable : légère (pour éviter diminuer votre impact de CO2 pendant le transport) et sans déchets à laisser sur place.

Sur place, les règles de base
A – Respecter les populations
▪ Demander la permission avant de prendre des photos
▪ Prendre garde à sa tenue vestimentaire, particulièrement dans certains lieux de cultes ou dans la rue.
▪ Donnez des pourboires en rapport avec le coût de la vie.
▪ Négocier avec le sourire
▪ Faire des cadeaux avec dicernement :
– Si vous apportez des fournitures scolaires, les donner au professeur, car les dons isolés peuvent inciter à la mendicité et à la déscolarisation!
– Evitez de donner des confiseries, les enfants n’ont pas toujours de brosse à dents.
– Les médicaments se donnent aux hôpitaux et dispensaires, tout le monde ne peut pas lire les notices et vérifier les dates de péremption.

Et selon le pays que vous allez visiter, prendre en compte les coutumes locales, par exemple:
• On se déchausse avant d’entrer dans les cabines d’essayage au Japon
• On ne mange pas avec la main gauche, impure, au Magreb (désolé pour les gauchers !)
• On ne caresse pas la tête d’un enfant au Viêt-Nam (on pourrait lui voler son âme)
• On indique une direction avec la paume de la main et non avec l’index en Thaïlande
• On ne s’énerve pas en Chine, c’est une attitude très mal perçue.

B – Préserver l’environnement et stimuler l’économie locale
▪ A l’hôtel : préserver l’eau en privilégiant les douches rapides et en ne changeant de serviette que lorsque c’est nécessaire ; couper l’électricité et la climatisation en quittant la chambre;
▪ Privilégier les activités nature en évitant les sports mécaniques qui ont un effet désastreux sur les écosystèmes en générant bruit et CO2;
▪ En promenade, rester dans les sentiers balisés, rester éloigné des animaux sauvages et évitez de les nourrir, pour ne pas modifier leur comportement naturel;
▪ Ne pas acheter de souvenirs fabriqués à partir d’espèces menacées (corail, ivoire, tortue…);
▪ Privilégier les souvenirs produits localement, pour soutenir le savoir-faire et l’économie régionale;
▪ Privilégier la nourriture locale, pour soutenir l’économie locale et réduire les émissions de CO2 liées au transport des denrées.
▪ S’interdire de consommer des espèces menacées ou protégées.

Au retour
Partager son expérience de voyage responsable, pour donner envie à d’autres voyageurs de faire de même!

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