Quand Las Vegas pousse les seniors au jeu

Et si vous appreniez à jouer ?

Angelo Giordano

Pair, impair, rouge, manque et passe ! La phrase résonne dans les oreilles de tous les passionnés de casinos. Mais savez-vous qu’en moins de dix ans, Las Vegas est devenue la destination préférée des seniors américains. La raison ? Des hôtels pas chers et des animations à gogo. Récit d’une visite placée sous le signe du jeu.

Avez-vous pensé à prendre des cours de machines à sous, de craps ou de roulettes ? Las Vegas vous ouvre la porte de ses 50 écoles spécialisées. À vous de jouer.

Il y a des villes qui impressionnent plus qu’elles n’enrichissent. De ces cités qui portent le visiteur, sans jamais lui donner de réponses aux questions qu’il se pose. Las Vegas fait partie de ces lieux incompris des européens, persuadés que le Diable s’est installé un jour dans le désert du Nevada. Sin City, la cité du péché tient toutes ses promesses.

Imaginez un désert qui clignote, encadré par des collines couleur brunes et rouges et parsemées d’une multitude de petites maisons individuelles qui gagnent d’année en année sur le sable. Bienvenue dans cette ville de plus d’un million d’habitants qui concentre 80% du tourisme sur 6,7 km : le Las Vegas Boulevard Sud. « Ici seuls les imbéciles prennent leur voiture » m’explique Sean qui me précise que désormais grâce aux trams et monorails, on peut aller d’un bout à l’autre du strip. Dix minutes après avoir pris la mienne, je me suis dit qu’il avait raison. Dès la sortie de l’aéroport, bouchons. Je vais mettre plus d’une heure pour arriver à l’hôtel.

Un cri déchire le brouhaha de l’aéroport. Un cri strident, modulé, accompagné de ce qui pourrait ressembler à de petits jappements. Un cri de joie poussé par un américain chauve et replet, en short gris, appuyé sur le bras d’un bandit manchot illuminé comme un arbre de Noël. En attendant ses valises, il vient de gagner ses premières pièces.

© Alexa

A Vegas, tout sent le jeu. Dès l’aéroport, on se met dans le bain. Alignées comme des soldats au garde à vous, éclairées comme des tableaux de maître, les machines à sous vous font de l’œil : « Allez, juste une pièce, une petite pièce »… J’ai toujours été fasciné par les machines à sous. Pour moi, c’est le symbole du film noir des années 50. De la fête et de l’argent facile.

Des clichés, c’est vrai, que partagent bon nombre de français qui posent le pied à Vegas. Sur le moment, c’est le short qui m’a fait sourire. Symbole exemplaire de l’américain en vacances qui peut ainsi dire aux autres : « Regardez, je profite, je ne fais rien pendant que vous travaillez ». Le short, pour un américain, c’est comme le café au lait pour un anglais à Paris. Incontournable. La signature d’un voyage réussi. Du tourisme au sens premier du mot. C’est ce short qui me rappelle brutalement que je suis dans une ville dédiée aux Dieux des vacances.

Une ville réputée pour ses jeux alors que plus de 80% des visiteurs jouent à peine 10 dollars, histoire de se faire peur. Une ville où l’on passe beaucoup de temps le long d’un boulevard, le Strip, à aller d’hôtel en hôtel pour découvrir les animations et s’exclamer sur la décoration, l’imagination des designers ou la taille des salles des jeux. A Vegas ce qui surprend le plus, c’est la lumière. Le désert dépollue l’atmosphère, tout semble proche…

Et tout est loin. Ici les habitués se méfient des distances. Le « block » qui semble à portée de main demande plus d’une demie heure de marche. Impensable de venir à Vegas sans voiture. La ville est épuisante. Même le désert favorise l’illusion.

Une heure du mat’, déjà. Plus de vol direct au départ de Paris en hiver. Las Vegas se mérite via Chicago, Dallas ou New York. Un peu plus de 18 heures porte-à-porte, et il faut encaisser 9 heures de décalage horaire. Dur de garder la forme à l’arrivée dans le Nevada. Le temps de récupérer ma voiture et direction l’hôtel. J’ai choisi d’habiter dans le downtown, le Las Vegas original, celui des années 50.

Hennessey’s Tavern downtown FSE

Mon hôtel est à quelques mètres du « cow-boy lumineux », présent sur toutes les affiches et les livres qui parlent de la ville. Je suis à deux pas de Fremont Street, transformée en palais des lumières depuis que la ville a créé le premier « ciel électrique » : une longue succession d’ampoules qui s’éclairent tous les soirs à heure fixe. Un long câble traverse tout du long. Une tyrolienne géante, Slotzilla c’est son nom, dont le point de départ est une machine à sous géante. On ne se refait pas.

Découvrez en vidéo, la tyrolienne de Fremont Expérience

Puis vient le son et lumière. Dix minutes de grand spectacle à l’américaine pendant lequel des avions de lumière cohabitent avec les plus grandes chansons du siècle. Pas question de m’arrêter pour flâner. Demain, 9 heures, mon premier cours commence. Je suis là pour apprendre les dessous du jeu. Les techniques de croupier.

Dans le grand bain !

© Greg Montani

Une bonne nuit pour récupérer, autant être en forme pour la première journée sur place. D’autant que j’ai fait un pari assez fou : prendre des cours de jeu ici, dans la capitale du vice. Au début, mon prof, Mark, n’a pas trop cru à ma demande d’inscription. Mon mail l’a surpris : un Français qui fait 9000 bornes pour apprendre à jouer et qui repart immédiatement après sans s’éclater une quinzaine de jours autour des tapis verts, c’est suspect. Bien sûr, me dira t-il plus tard, des français, il y en a déjà eu dans son école. Mais ils venaient changer de vie, de métier. Ils restaient 12 semaines sur place avant de passer l’examen de la commission des jeux du Nevada. Puis à nouveau 12 semaines, pour obtenir leur licence et devenir croupier professionnel, le plus souvent sur place. Les meilleurs avaient déjà un travail garanti en France ou à Monaco. Seuls les américains ou les canadiens viennent habituellement faire ce stage de 3 jours destiné, selon internet, « à fabriquer de bons joueurs ».

Rosebud ou Rambo

Comme à chaque voyage outre-Atlantique, l’organisme doit s’habituer au décalage horaire et c’est de bonne heure que je me retrouve au volant de ma voiture. J’aime bien les villes le matin quand elles se refont une beauté. Dès quatre heures, Las Vegas est prise d’assaut, silencieusement, par des hordes de mexicains. On ratisse, on lave, on aspire, on remet en forme chaque recoin du Strip. Les plus courageux, perchés au sommet des palmiers, taillent et retaillent les branches mortes. D’autres, équipés de masques et de pinces articulées, ramassent les derniers débris de la nuit.

Pas question de rester là à rouler au ralenti. Trop de policiers qui patrouillent à la recherche des sans-abris à reconduire à l’extérieur de la ville. Des « cops » étonnés de voir des touristes se lever d’aussi bonne heure. Deux japonais en font les frais. Pas vraiment un contrôle, juste le temps d’échanger quelques mots. De passer le temps.

© Michel Raponi

Je fonce vers Sahara Avenue : dans trois heures c’est sur la partie sud de cette grande avenue que je viendrais retrouver Mark. Prendre l’I15, l’autoroute parallèle au Strip, qui permet de traverser la ville en dix minutes. Dans la journée, si l’on reste sur ce Las Vegas Boulevard, baptisé Strip on ne sait pourquoi, l’exercice demande plus d’une heure. Certains soirs, il faut au moins le double pour traverser cet artère vedette de la ville. C’est là que l’on croisera des limousines de dix mètres de long, les vacanciers au volant d’une décapotable de luxe venus là pour voir autant qu’être vus, les vélos et scooters de tous poils.

Au coin de Rainbow, je déniche une breakfast-house déjà ouverte. Trois camionnettes et deux trucks, posés sur le parking, me laissent à penser qu’elle n’est pas trop mauvaise. La serveuse semble sortir d’un film avec Woody Guthrie. Sans âge, ni moche, ni laide. Un peu lassée de la vie. Mécaniquement, elle me sert un café en me tendant la carte. Pas de fameux « How are you today – comment allez-vous aujourd’hui », ni même le souriant « first time in Vegas – première visite à Vegas» pour me souhaiter la bienvenue. Visiblement, elle se fiche pas mal de mon état de santé moral et des raisons qui m’amènent ici. Des œufs, du café, des toasts, que demander de plus ? Rien, semble-t-elle me dire en tournant les talons.

Le petit déjeuner toujours copieux avalé, un nouveau camion arrive. Un client chasse l’autre. Je décide de remonter à nouveau le Strip. Le soleil brille déjà, tout est prêt pour le show. Les affiches lumineuses gigantesques, qui ne s’éteignent jamais, font la promotion d’un breakfast à 19,99 $. « All you can eat – tout ce que vous pouvez manger » dit le panneau. Promis, j’irais demain. Plus cher que lors de ma première visite, il y a dix ans, mais plus de 80 plats en self service et à volonté. Pantagruélique.

Plus loin je repasse devant le panneau qui m’annonçait lors de mon dernier séjour : « Céline est enfin à Vegas ». Il est désormais consacré à un spectacle de magicien.  Le même panneau qui affichait dans les années 60, l’arrivée du « Rat Pack » sur le Strip. Sinatra, Samy Davis Junior et Dean Martin mettaient le feu à la ville. Certains soirs, la légende affirme qu’ils étaient entourés de plus d’une centaine de filles que Frankie engageait pour pimenter la nuit. Légende ? Personne ne le sait vraiment, ici, on ne prête qu’aux riches.

Aux cartes etcetera

© Linda 72

9 heures pétantes, j’entre dans l’école de jeu. Franck m’accueille avec un café. Les français, trop rabelaisiens, ne voient en ce café qu’un pauvre jus de chaussettes. Erreur. Aux États-Unis le café, c’est un geste social. Pendant cinq minutes, patrons ou employés sont égaux. Discutent de choses et d’autres, avec le même gobelet, le même mug. C’est une façon de gommer les échelles sociales, la hiérarchie. Il faut savoir s’y plier, c’est une entrée en matière.

Mark me teste en anglais, glissant ci et là quelques mots d’argots propres aux joueurs. Ils me parlent des « gonk » (idiots) qui pensent qu’à Vegas on peut gagner des millions. Dix minutes passent, Mark remplit un dossier. Dix minutes à regarder des murs blancs où sont punaisées quelques photos de casinos, plus exactement de salles de jeux. Toujours les mêmes couleurs, les mêmes lustrines vertes des croupiers. Les mêmes globes sombres au plafond qui abritent les caméras.

Mark me dira plus tard qu’au Bellagio, l’un des plus prestigieux hôtels et casino du Strip, il y a plus de 7000 caméras dans les salles. Pas un mouvement n’échappe au regard des surveillants. Pas la peine de contester un résultat. Tout est enregistré. Mon prof me tend enfin le badge attendu. Premier cours dans l’heure qui suit. Une sorte de présentation des jeux. La salle de classe ne fait pas rêver. Petite, peinte en blanche avec des tables posées en arc de cercle. Au centre, une sorte de billard recouvert d’un tapis vert. Rien de plus.

Mon voisin, Ricardo est Italien. Il a eu l’an dernier la carte verte, indispensable pour travailler aux États-Unis. Sa famille est installée à Rome mais il a des cousins à New York. A terme, m’explique t-il, il veut rester à Vegas ou repartir à Atlantic City, sur la côte Est. Il est là pour devenir croupier. Les trois premiers jours, la formation est la même pour tous, que ce soit pour découvrir les jeux le temps d’un week-end ou pour devenir champion des casinos en 24 semaines.

Les deux premières heures sont ennuyeuses au possible. Histoire de Vegas, suivie d’une petite histoire des casinos. Ricardo a l’ai sérieux. Il noircit des pages et des pages. Mark insiste pour gommer l’image mafieuse de la ville. « C’est fini le temps du truand venu de Los Angeles pour faire la loi », commente le spécialiste des jeux, « Aujourd’hui, Vegas c’est le royaume des businessmen, des investisseurs ».

© Romanov

Et de nous donner des preuves en gage de moralité : « La commission des Jeux ne permet l’ouverture d’un Casino qu’au vu des CV de ses investisseurs. Il faut au moins une année d’enquête avant de franchir les portes du paradis ». Et la commission des Jeux du Nevada, on apprendra vite que ce n’est pas du gâteau. La bible des casinos fait 11 500 pages ! Tout est détaillé, expliqué, imposé. De la hauteur de la moquette à l’intensité lumineuse. Du nombre de toilettes à l’étage à la hauteur des sièges, sans oublier la nomenclature qui fixe le fonctionnement des machines à sous. Un pensum.

Ce que la commission oublie, c’est l’environnement invisible : dans tous les casinos, on sur-oxygène les salles. Cà maintient en forme. Les fenêtres ou les horloges sont absentes du décor, pour oublier le temps. Un seul mot d’ordre « it’s always time to play – c’est toujours l’heure de jouer ». Yes, sir ! 

De la fenêtre de la salle de classe, je vois le toit du centre commercial, The Boulevard. Le plus grand de la ville. Vegas est réputée pour être la ville la moins chère des États-Unis. Il faut attirer les joueurs par tous les moyens. Les hôtels sont les moins chers de toutes les métropoles américaines, la nourriture est bon marché, les taxes d’État sont les plus faibles du pays (le taux moyen combiné des taxes de vente d’État et locale est de 8,23 %) et les marques se battent pour s’installer dans des magasins d’usine aux tarifs sans concurrence. Ralph Lauren, Calvin Klein, Lacoste et bien d’autres vont clignoter pendant mes trois jours de cours. Une invitation permanente à la dépense.

Perdre mais avec panache

Une fois les banalités terminées, Mark nous jette de plein pied dans l’arène. Il lève le tapis vert de ce que nous pensions être un billard et dévoile une table de Craps. C’est le jeu le plus apprécié des américains, devant la roulette et le black jack. Le craps est mené tambour battant par quatre employés : le premier surveille les dés, deux croupiers pren­nent les paris et paient les gagnants, un chef de table s’assure que le jeu est joué correctement et que les paris sont payés comme il se doit.

@ Main Street Station

Le jeu de Craps va vite, très vite mais est bien plus simple qu’il n’en a l’air. Expliquées sur le papier, les règles semblent confuses. Devant la table, tout est simple. Dans la salle de cours, Mark fait le lanceur. Des jetons factices servent de paris. Dix minutes suffisent à nous ratisser. Plus une flèche sur la table. Mark jubile face aux bleus que nous sommes. Nos erreurs se comptent par centaines, nous explique le prof. Pas de concentration, jeux irréguliers, peu réfléchis, absence de stratégie. Voilà donc nos défauts. Mark nous le promet : pas un cancre n’est sorti de son école. Ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer.

Notre prof n’est pas un tendre. Il bouscule Ricardo qui se trompe deux fois dans un pari. Puis vient mon tour. « Alors le français », me lance Mark, « On se prend pour Macron, on a peur de jouer » ? Et d’en rajouter « tout le monde ne pas être Mbappé »… La blague fait hurler de rire mes voisins. Mark en profite pour donner le programme de cette fin de journée : rendez-vous à 18 heures à l’Hotel Mirage, un hôtel gigantesque comme tous les autres, salles de jeux contiguës aux salles de spectacle.

Travaux pratiques pour aller voir jouer les « pintch », les pigeons. La consigne est formelle : pas un sou en poche mais une tenue irréprochable. « Le jeu, çà se respecte », nous dit Mark, « Pas de jean ! ». Il sera entendu au-delà de ses espérances : les élèves américains sont en smoking, chemise à volants et mocassins vernis. Je n’aurais pas osé. Mark regrette mon absence de cravate. Pendant deux heures, le prof ne nous lâche pas. Tout est sujet à commentaire, prétexte à cours particulier. La soirée finie, certains élèves proposent une sortie en boite. Pas pour moi. Je craque, j’ai envie d’être seul dans Vegas. Seul !

Hasta luego

Pour y être venu pendant des années à une époque où le binaire occupait une grande partie de ma vie, je voulais retrouver au moins une soirée l’ambiance feutrées des salons privés, mis à la disposition de leurs meilleurs clients par les casinos. Ma carte de visite, mon sésame pour y accéder, travaille justement au Mirage. Jérémy (le prénom a été changé), un français installé aux Etats-Unis depuis dix ans, est une pointure dans la hiérarchie de l’hôtel. En deux minutes, il m’installe dans un fauteuil club au cuir généreux. Ici, les machines à sous gagnent en silence et les tables de roulettes, éclairées en douceur, ne laissaient filtrer aucun bruit.

Un havre de paix réservé à ceux qui dépenseront plus de 100 000 dollars dans la soirée. Boissons et cigares à gogo sur la table, hôtesses avenantes et souriantes. Une sorte de petit paradis dans un monde de brutes. « Rêve pas », me dit Jérémy, « Ces hôtesses là sont les mieux gardées de l’établissement. Pas un client n’est reparti avec. En dix ans, une seule s’est retrouvée dans le lit d’un client, mais après son mariage avec lui !». C’est un parfait résumé de Las Vegas.

Officiellement, il n’y a pas de prostitution à Vegas. Officiellement seulement. Il suffit de sortir après minuit pour comprendre que la réalité est différente. Ici on drague en douceur le long du Strip et on conclut à l’extérieur de la ville dans de vrais maisons closes qui poussent le sens de l’humour à mettre des machines à sous dans les chambres.

Vegas la nuit, c’est le paradis du TopLess, avec des show construits autour de femmes très déshabillées qui se tortillent le long d’une barre en métal. Pour vingt dollars de plus, le show est privé. Pour 100 dollars, on repart avec sa carte de membre à vie !

Avant de rentrer à mon hôtel, je m’installe dix minutes au bar du Paris, un hôtel qui se veut représentatif du charme français. Une sinistre et caricaturale imitation, pour qui connaît la capitale française. Des serveurs en béret basque circulent dans des décors en plastique habillés de baguettes et de bouteilles de vins. Ringard à souhait.

Frenchie et fière de l’être

Pas facile d’apprendre à jouer à Las Vegas. Mark ne nous lâche pas. Nous en aurons pour nos 750 dollars. Tout y passe. Des règles du Black Jack à celle du Keno, via le Carribean Stud Poker ou le vidéo Poker. Dès le deuxième soir, Mark nous sensibilise à l’intelligence du jeu. Il ne s’agit pas de tricher, mais d’anticiper les réactions : « Pour gagner aux jeux, il faut être aussi fort que les autres joueurs et aussi bons que les croupiers ». Ricardo continue de noircir des petits carnets.

Tout y passe : de la tenue conseillée par Mark (qui martèle sans arrêt qu’il faut être à l’aise dans ses sous-vêtements et ses chemises), aux jeux de doigts spécifique pour envoyer la boule dans la roulette. Même les plus doués mettrons une journée à manier cette petite bille blanche que l’on ne doit pas jeter mais faire rouler dans le creux supérieur de la roulette.

A la fin des trois jours, c’est l’heure du bilan. Mark avoue qu’il sait reconnaître les génies du jeu. Il en a vu passer deux. Des pointures aujourd’hui. En ce qui me concerne, il reste dubitatif.  Pas vraiment doué. Le jeu, pourquoi pas, mais pas en pro. Il est formel : les latins ne sont pas toujours des génies autour d’une table de jeu. Puis se ravise en voyant Ricardo blêmir : les français surtout. Les français ! Pas grave, c’était juste pour voir.

Pour sentir Vegas de l’autre côté de la barrière. Avec Ricardo, nous décidons de passer cette dernière après-midi ensemble, entre latins. Nous allons au Pawn Star de Rick Harrison, 713 Las Vegas Blvd, rendu célèbre par la télévision. Un tour organisé qui se déroule en fonction des tournages et des visites de groupe. Nous aurons de la chance, la visite a lieu mais sans les vedettes des lieux.

Les prêteurs sur gage sont très nombreux à Vegas. Les joueurs comptent sur uex pour se refaire en plaçant qui une chevalière qui une bague. Mais on voit mieux. Ils vendent tout et n’importe quoi ! Y compris des vieilles voitures et une tenue de cosmonaute. Chez l’un d’entre eux, Ricardo craque pour des dés des années 30. Je repars avec deux cartons de Keno publiés en 1969 pour le premier homme sur la lune !

Ricardo veut retourner sur le Strip Boulevard pour assister à la bataille navale du Treasure Island, reconstitution en carton pâte d’une attaque de pirates. À voir le Venitian Hotel et ses gondoles, que l’on voit passer sur un canal intégré à une fausse Place saint Marc reconstituée dans un gigantesque hall façon Hollywood. Enfin, tous les soirs, les fontaines et jeux d’eau du Bellagio attirent une foule considérable.

Le Venise, un casino en carton pâte

Dans l’euphorie, nous voici partis au Caesar Palace, où l’illusion d’une vieille rue romaine est parfaite. Dernière étape, la terrasse de la Stratosphère, à 275 mètres du sol. Vue imprenable sur Vegas qui clignote et coucher de soleil sur les montagnes du Nevada. Plus d’une centaine de personnes, collées les unes aux autres, attendent ce moment. A faire pour les plus courageux, le skyjump, une descente à l’élastique considérée comme la plus haute du monde. Autant avoir les tripes bien accrochées.

Et vous le feriez-vous ?

Au sol, une mariée échappée de la Little White Chapel, située au pied de la tour, embrasse son nouveau mari face au soleil qui s’enfuit derrière la montagne. Derrière eux, le pasteur, looké façon Elvis, annone les droits et devoirs des épouses. Clichés, quand tu nous tiens. 

Ville tous toutes les illusions et de toutes les démesures américaines, Vegas est aussi celle dont on se lasse le plus vite. En repartant cette fois, je me dit que c’est sans doute la dernière fois que j’y venais. Lassé des néons, du gigantisme du carton pâte et du superficiel à gogo, je me suis juré de pas y remettre les pieds. Parole de joueur.

Marcel Lévy

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