Ethiopie, le pays culture

Après le règne de l’empereur Haïlé Sélassié puis la terrible dictature Mengistu, l’Ethiopie reprend doucement sa place dans la liste des pays à visiter. Avec un patrimoine culturel à faire pâlir d’envie l’Egypte et les autres capitales africaines. Elle se découvre en prenant son temps, constituant une destination exceptionnelle pour les seniors dynamiques.

« Incroyable », « Superbe ». Le groupe de journalistes qui ressort de Gondar est encore sous le choc d’une découverte peu commune : des châteaux du 17ème siècle dans un parc de verdure à quelques 2000 mètres d’altitude. Sommes-nous en Ecosse ou en Afrique ? Ce patrimoine surréaliste est situé au beau milieu d’une ville très africaine en plein développement économique. Gondar n’est pourtant que l’une des surprises de cette visite dans une Ethiopie très verte, désormais bien éloignée des images de sable et de famine laissées en tête par la guerre avec l’Erythrée ou, plus lointaines, les conquêtes de Mussolini.

Addis Abeba, une capitale comme son pays, pleine de contrastes – DR Wikimedia

Addis Abeba, tout d’abord, surprend le voyageur. La ville moderne est le siège de l’Union africaine, elle présente des avenues larges et bien entretenues, et c’est un hôtel 5 étoiles qui nous ouvre ses portes : le Sheraton Addis, oasis de luxe dans une ville encore pauvre. Construit en 1998, il a été le premier hôtel labellisé Luxury Collection en Afrique, c’est dire son niveau et sa qualité, dignes des meilleurs palaces de New-York. Un luxe unique dans le pays.

Une petite visite à Lucy – DR AF

La capitale elle-même n’a pas grand intérêt, il faut le reconnaître. Elle présente le choc d’une ville dotée de plusieurs quartiers chics de villas cossues et fleuries côtoyant des quartiers plus que pauvres, dont la population a gardé les modes de vie traditionnels. Une attraction, cependant, qu’il ne faut pas manquer d’aller saluer : Lucy, notre ancêtre à tous. Quelques deux millions et demi d’années, ses pauvres ossements sont étalés dans un vitrine poussiéreuse du Musée national (entrée 10 birrs, ouvert de 9h à 11h30 et de 14h00 à 17h30 du lundi au samedi). A ses côtés, quelques capes de souverains successifs, des pots, des bijoux, mais le manque d’explications et l’état général font espérer l’ouverture prochaine du futur musée, en construction, prévu pour prendre le relais de cette présentation d’un autre âge.

Quelques pas plus loin sur la même King George Street, le Musée Ethnographique est plus intéressant voire émouvant : le bâtiment abritait au 1er étage les appartements de l’empereur Haïlé Sélassié jusqu’à une tentative de coup d’état en 1961. Sa chambre est restée intacte, ses penderies garnies, sa salle de bain (sanitaires Porcher !) impeccable bien que marquée par le temps. Sur le même pallier, les salles ethnographiques présentent des icônes sur bois, des croix ouvragées, des instruments de musique qui donnent envie de rejoindre au plus vite la première étape du circuit sur la route historique, Lalibela.

Lalibela, plongée en Ethiopie

2300 mètres : le petit aéroport domestique très années 50 affiche fièrement son altitude. Le vol entre Addis etLalibela, avec étape à Gondar, s’est déroulé comme un voyage en taxi. Sans encombre. Quelques 20 km en bus ouvrent les yeux sur la campagne déjà admirée du ciel, très verte, très vallonnée, sillonnée par des bergers enturbannés et fiers qui saluent toujours de la main au passage du véhicule. L’Hôtel de la chaîne Ghion se révèle incroyablement moderne à l’entrée dans la ville, construction fonctionnelle de béton des années 70.

Le marché de Lalibela – DR AF

Quelques pas et nous voici plongés dans la foule dense du marché du samedi matin. Les vendeurs d’huile succèdent aux marchands de piments qui s’alignent devant les troupeaux d’ânes aux pattes courtes et nerveuses. Le guide nous prévient d’être vigilants pour nos sacs mais la foule est bon enfant, des gamins empressés se sont collés tout de suite à notre équipage. A chacun son compagnon pour attaquer une conversation dans un anglais plutôt bon sur les  mérites de l’école, avec les questions traditionnelles sur la famille, le métier et la santé du visiteur. Accompagnement curieux…et intéressé. Les demandes de stylos ou de T-shirt émaillent le dialogue, à moins que ce ne soit une sollicitation plus directe de quelques birrs pour aider à s’inscrire à l’école qui, justement, débute dans quelques jours.

Les éthiopiens sont fiers, mais totalement démunis. Sans être jamais agressifs, ils considèrent que les touristes sont une occasion de sortir un peu de cet extrême dénuement et nous prennent parfois pour une banque ambulante. Toujours gentiment. L’accompagnement s’arrête net à la porte du site des églises de Lalibela, la raison de la visite ici. Le site est interdit sans ticket et le prix (100 birrs, ticket valable pour toute la durée du séjour) est dissuasif pour un quémandeur qui n’a aucun revenu. Nous retrouverons nos amis à la sortie du site….

Les églises enterrées

Les prêtres des églises enterrées,
mystiques et mystérieux – DR AF

Elles datent du 12ème siècle, et ont été imaginées comme une « deuxième Jérusalem » par l’Empereur Lalibela pour éviter aux pèlerins les risques d’un voyage en terre sainte. Ces églises ont été creusées dans la terre dure et sèche des montagnes. Discrètes, presque secrètes, pour les protéger des attaques des mécréants. Elles constitue un patrimoine, un héritage fascinant sur la foi, que l’on soit ou non croyant. Encore aujourd’hui, les fouilles ne sont pas complètes et la destruction des manuscrits de l’époque laisse les historiens bien en peine d’expliquer comment ces églises ont été creusées d’un seul bloc, par quelles méthodes et selon quels plans. Il reste des édifices pauvres mais majestueux, toujours utilisés par des prêtres qui perpétuent les traditions d’une église autonome, vénérant Marie et le Christ, les apôtres et les saints.

Saint Georges, la plus connue des églises
enterrées d’Ethiopie – DR AF

Pas moins de 11 églises se succèdent sous le niveau du sol, dans des gorges rouges. La plus jolie à l’intérieur est sans conteste Sainte Marie (Beta Mariam) avec ses peintures polychromes. La plus curieuse vue de l’extérieur, la plus photographiée aussi, est Saint-Georges, isolée des autres, construite en croix. Elle a le grand mérite de ne pas avoir été défigurée par les atroces toits de tôle ondulée qui protègent les édifices des rares intempéries. Imposés par l’Unesco, ils sont aujourd’hui contestés car les bâtiments se fissurent, et il est question de les retirer.

Toutes les églises se visitent en se déchaussant, et il est prudent de prévoir des chaussettes pour fouler au pied les tapis nombreux mais peu entretenus des églises. Les prêtres, accueillants mais souvent concentrés, prennent volontiers la pose avec les croix symboliques de l’édifice qu’ils protègent. Un don est toujours très apprécié.

Axoum, Gondar, des sites inscrits au patrimoine

A peine 50 minutes d’avion et voici Axoum : le cadre est plus sec, la ville plate plus pauvre encore, nous sommes au cœur de l’Ethiopie antique, avec ses stèles et ses obélisques pour marquer les tombeaux des rois. Le site principal est classé au Patrimoine de l’humanité, on dirait une petite Egypte. L’une des deux églises de Sainte-Marie de Sion abrite une chapelle censée protéger la célèbre Arche d’Alliance, ce coffre qui renferme les Tables de la loi données à Moïse par Dieu lui-même.

Le batiment de l’Arche d’alliance – DR AF

Les femmes n’ont pas accès à l’édifice de l’Arche. Pas vraiment de regret puisqu’il n’y a « Rien à voir », disent les copains, le coffre lui même étant dans un sous-sol protégé par un prêtre reclus. Que de mystère ! Il faut également jeter un œil au site mal dégrossi du sable du Palais de la Reine Makeda, un palais de 52 pièces à quelques kilomètres du centre (un taxi y va pour 30 birr, 3 euros).

Pour la prochaine escale il faut s’envoler à nouveau (1h30 de vol cette fois) pour rejoindre Gondar, la ville des châteaux forts. Nichée au cœur de la montagne, près du Lac Tana, Gondar a été la capitale impériale pendant les 17 et 18ème siècles. Les rois s’y sont succédés, construisant des palais les uns à coté des autres et non pas sur les autres, comme Louis XV remaniant l’héritage de Louis XIV. Cela donne un ensemble architectural totalement inattendu en Afrique, et lui aussi classé Patrimoine mondial par l’Unesco. Au total, ce sont 8 sites qui sont ainsi enregistrés par les Nations Unies en Ethiopie.

Les chateaux de Gondar, incongrus en ce pays – DR AF

Dans ce pays étrange et multiple que constitue l’Ethiopie, il y a aussi la Vallée de l’Omo, qui se situe au carrefour des frontières avec le Sud-Soudan et le Kenya. C’est un pays isolé isolé par des hauts plateaux, les marais et la savane. Les plus explorateurs se rendront dans le désert de Danakil, désert de sel exploité par les Afars, qui est en soi une destination. Peu fréquentée encore, l’Ethiopie demande du temps si l’on veut en comprendre les nuances mais peut aussi se laisser admirer en une simple quinzaine de jours. Ce pays pauvre a bien du mal à mettre ses atouts en valeur, mais il ne demande plus qu’à ouvrir ses portes.

Aller en Ethiopie

  • Quelle saison ? La plupart des voyagistes vous recommanderont d’y être pour l’Epiphanie, qui donne lieu à de multiples cérémonies et spectaculaires processions. Avec l’inconvénient de se retrouver au moment le plus fréquenté de l’année, embouteillages et surcoût inclus…
  • Un seul bémol pour l’Ethiopie: elle n’est pas recommandée aux voyageurs fragiles du coeur car la plupart des sites sont situés sur les hauts plateaux, donc à très haute altitude.
  • De nombreux tour-opérateurs français programment l’Ethiopie, notamment Atalante, les Ateliers du voyage, Evaneos, avec des circuits pré-organisés ou en voyage sur-mesure. Nous n’avons d’actions chez aucun, Senior Voyageur vous invite à comparer, vérifier et vous faire vous mêmes votre idée !

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