Et si vous alliez au Carnaval de la Nouvelle-Orléans ?

© Mitch Hodiono

Le Carnaval à la Nouvelle-Orléans c’est plus qu’une tradition. Un événement dans cette ville qui depuis 1857, donne le ton d’une fête unique en son genre. Une rencontre absolue entre traditions et exubérances. Et pour y être, le 4 mars 2025, il faut s’y prendre dès aujourd’hui.

« Bienvenue dans la ville qui ne meurt jamais et qui revient sur le devant de la scène » nous crie Bryan, jeune guide local, passionné de musique et sans doute l’un des meilleurs connaisseurs des bonnes adresses jazzy de la ville, « On nous croyait finis, anéantis. Tout faux. Nous sommes repartis, mieux qu’avant et moins bien que demain ». Une référence aux événements climatiques de 2005.

Inutile de parler de Katrina aux locaux, le pire ouragan connu qui s’est abattu sur la région. Au final plus de 1500 morts sont recensés avec des vagues submersibles de plus de 6 mètres. Même si la douleur est vive, la ville veut regarder devant. Pas derrière. Mais Bryan ne cache pas son agacement « aujourd’hui encore on nous en parle près de20 ans après. Il faut tourner la page. C’est ce que nous avons fait« 

© Simon

Preuve de ce renouveau, Bryan sillonne avec nous Bourbon Street, les Champs Elysées du Quartier Français. « Votre Michel Fugain vous a laissé croire que l’Acadie c’était ici. Nous, nous sommes des cajuns, venus de cette Acadie canadienne lors des persécutions de 1755. Nos lettres de noblesse sont historiques. Français de cœur, même si en 1803 Napoléon nous vend aux Etats-Unis ». Mais pour Bryan, l’histoire c’est du passé. Juste pour les barbes blanches. Non, pour lui, la Nouvelle- Orléans, c’est la vie. A la fois faite de bonhomie et d’animations endiablées. « Bienvenue au Carnaval » poursuit-il « du moins au Mardi Gras, car c’est son nom».

Douze jours avant la date officielle du Mardi Gras, plus de 60 parades sont organisées. Sans oublier les bals masqués, les réceptions privées et les défilés en musique.  Et toutes ces fêtes, somptueuses, loufoques, débridées et colorées, se termineront le jour du Mardi Gras à minuit. Carême oblige.

Un quartier au nom trompeur

Si le simple nom de la ville sonne comme une invitation à la fête, il serait dommage de limiter la Nouvelle-Orléans à quelques semaines d’agitation. Pour la vivre, il faut y mettre les pieds tôt le matin et tard le soir. Point d’orgue de la cité : le « Vieux Carré », appelé également le French Quarter (le quartier français), cœur du centre historique de la ville.

© Llambrano – Le quartier Français

De Français, il n’y a plus grand chose après le violent incendie de 1794 qui détruisit totalement la ville. Le style est donc espagnol car c’est des Caraïbes toutes proches que l’on s’inspira pour les maisons coloniales aux balcons en fer finement forgé. C’est aujourd’hui le quartier le plus fréquenté et le plus visité, ce qui explique la surpopulation de cars et de visiteurs en groupes compacts.

Particularité : les vieilles maisons à balcons, fleuries et pimpantes, d’où, pendant le carnaval, de jeunes et très jolies filles lancent des colliers de pacotille aux passants. L’une des traditions (non écrite et, semble t-il, récente) veut que ces jeunes femmes se présentent poitrine dénudée au balcon pour attirer les touristes et récolter de la verroterie… Les messieurs apprécient.

Le plan du Quartier Français

Autre point d’intérêt, tout aussi sculptural, les belles maisons traditionnelles de Royal Street. A voir, réputée pour ses vasques de géraniums et sa cour centrale, Meurieult House (533 Royal Street). Seule rescapée du grand incendie, elle fut construite par l’architecte Jean-Baptiste Meurieult, venu chercher fortune en Louisiane. Un style quasi-renaissance mâtiné de colonialisme.

Autre bâtiment à visiter : L’ancien Couvent des Ursulines au 1114 Charles Street. La cour intérieure est une référence de l’architecture du sud. Enfin, La Maison de Jean Pascal (632 Dumain Street) est le dernier exemple d’une architecture dite des Caraïbes.

Pour faire le malin à votre retour et le raconter aux amis 

  • Prenez le tramway St Charles le long de l’avenue du même nom pour rejoindre le Garden District
  • Assistez à un match au Superdome (pour le pop-corn, l’ambiance et le sport). Pensez à réserver et à acheter vos billets sur le site
  • Passez une soirée au Preservation Hall
  • Achetez votre piment et vos condiments au French Market. La classe !

Vivre le fleuve

© Olle August – les bateaux du Mississipi

Il n’y aurait pas de Sud sans le Mississipi et ses 3780 km de long. Majestueux et imposant à la Nouvelle-Orléans. Mis à part sur quelques centaines de mètres, au pied du pont et du quartier français, le fleuve n’est pas réellement mis en valeur.

Le faire, à partir du bateau (à aubes, il s’entend), donne une bonne image de la ville même si l’on traverse beaucoup de zones industrielles et de friches abandonnées. Aussi, naturellement, la tendance des visiteurs est de revenir sur ce cœur du Quartier Français : Bourbon Street. Un peu plus de 2 kilomètres de pavés, bordés de bars et de boutiques.

Deux kilomètres que l’on peut faire en une semaine… Le temps de passer d’un bar à l’autre.

A chacun son carnaval

Dans une Amérique puritaine, les douze jours de fêtes avant Mardi Gras sont une sorte de défouloir où (presque) tout est permis. Pour bien vivre la fête, il faut apprendre à crier, hurler voire chanter même si vous ne connaissez pas les paroles. Pendant les parades, un seul mot d’ordre à retenir : «Throw me something Miss (ou Mister) » (envoyez-moi quelque chose), ces fameux colliers de pacotilles évoqués plus haut. Autre façon de vivre la fête : installé à une terrasse de Bourbon Street, une bière à la main. Mais un conseil, une fois la place prise, ne la quittez pas, faute de quoi… elle vous sera piquée en une seconde. Petite astuce : glissez un billet de 5 ou 10 dollars au serveur et installez-vous devant la porte..

La fête à faire

© DR – Preservation Hall

Pour jouer les locaux, prenez le temps de déguster une part de King cake, un gâteau mi-crémeux – mi-galette décoré de toutes les couleurs de la fête. Un peu lourd mais obligatoire car la tradition dit qu’en manger c’est s’assurer de revenir faire la fête.

Autre balade à faire : de l’autre côté du Mississippi (ferry gratuit pendant la fête) pour faire un saut au fameux Mardi Gras World, un gigantesque entrepôt où sont décorés et montés les chars de la parade officielle.  Il n’y a pas de période calme à la Nouvelle- Orléans pendant le Carnaval et, de fait, les matins comme les soirées se confondent.

Premier « marching band » dès 8 heures du matin. Vingt à cent musiciens en uniforme qui traversent Boubon Street d’un pas lent, traînant les chaussures sur le pavé, en jouant des airs de jazz mélancoliques.

Pour les amateurs de calme

A la Nouvelle-Orléans, le calme est tout relatif pendant le Carnaval. Pour autant la Zulu Parade, sous les chênes (certains sont tombés avec l’ouragan) de Saint Charles Avenue est un moment de plaisir suprême.

Cette parade noire est à la fois forte et bon enfant. Ici défile l’âme créole et africaine du sud américain. Musique traditionnelle, chars et costumes identiques depuis des années se mêlent à des écoles de musique.

Un moment fort qui détonne avec l’animation bruyante du centre-ville. Mais attention, cette parade qui a lieu le jour du mardi gras demande une bonne préparation. Il faut arriver sur place de très bonne heure et prendre son mal en patience. La parade ne débutant qu’à 17 heures !

A table

© Jeremy Kemp – Café du Monde

Quitter la Nouvelle-Orléans ne peut se faire sans parler cuisine. De fait, l’image créole de la ville est partout présente même, et vous le verrez rapidement, si les plats et les recettes locales sont loin d’être figés. Aussi, sans une visite au marché français, impossible de comprendre ce qui fait la gastronomie louisianaise.

Depuis plus de 160 ans ce marché donne le ton. Du « market farmer » aux étals originaux et colorés en passant par les « attrape-touristes » qui foisonnent, on découvre au fur et à mesure les ingrédients d’une cuisine pimentée, trop parfois. Louis Armstrong disait que sa mère était surnommée « bouche en feu » tant elle aimait la force des épices.

Mais le mieux, incontestablement, c’est de suivre un vrai cours de cuisine cajun à la New Orleans School of cooking avec des spécialiste de la gastronomie du sud. Un exceptionnel moment de bonheur culinaire. Une astuce : enregistrez votre professeur car peu d’entre eux parlent français et si vous n’avez pas tout compris sur place vous pourrez vous faire aider en rentrant en France.

Difficile de dresser la liste de toutes les activités carnavalesques. Impossible aussi de limiter la Nouvelle-Orléans à quelques semaines de fêtes. Des bayous aux plantations, de la côte aux plaines intérieures, la Louisiane est une vaste carte postale riche de traditions et d’art de vivre. Un état à part aux Etats-Unis où l’on dit souvent que l’esprit français souffle encore sur le pays cajun.

Quelques adresses à la Nouvelle Orléans

Café du Monde
800 Decatur Street
A deux pas du Jackson Square, on y va pour ses beignets, sa terrasse le long du Mississipi et ses cafés glacés. On y reste pour l’ambiance et le passage. Les beignets, sans doute les meilleurs des US, se dégustent à toute heure du jour. Un régal. A noter qu’il est possible de rapporter des préparations toutes faites pour les réaliser à la maison. Un conseil : attention aux indications d’utilisation données en « cup » et « spoon » !

Préservation Hall
726 St. Peter Street
Sa réouverture a décu les fans de jazz. Et pourtant, le lieu est magique car il demeure la mémoire du Jazz à la Nouvelle Orléans ! C’est de là, dit-on, que faute de place, est née l’expression « prendre son pied » pour permettre à plus de personnes de prendre place dans le tout petit local (moins de 12m²). A voir même si aujourd’hui il y a, ailleurs dans la ville, quelques petites merveilles en matière de musique.

Snug Harbor
626 Frenchmen St., New Orleans, LA 70116
Il y avait de la magie dans ce club de jazz, un peu délaissé depuis deux ans… Mais il reste sans doute l’un des meilleurs de la ville. La programmation est assez inégale pour qui n’y passerait qu’une dizaine de minutes. Il faut y rester, attendre et demander aux serveurs présents de vous donner les bons plans de la soirée ou de la semaine.

Guide Pratique
Temps de vol : entre 12 et 16 heures (escales comprises) car il n’y a pas de vols directs avec la France
Décalage horaire : 7 heures toute l’année
Le temps : 20° en moyenne avec des chutes à 10° en hiver. Printemps et été sont chauds (35° en moyenne)
Niveau de vie : la zone étant touristique, le prix de la vie est plutôt élevé mais bien en dessous de New York ou Miami.
Formalités : passeport biométrique. Pas de visa nécessaire.
Shopping : sachez que les boutiques de la ville proposent l’achat hors taxe. Au moment de payer, demandez votre bon de remboursement qui correspond au montant total des taxes que vous payerez. Ce bon vous permet d’être remboursé en espèces à l’aéroport international de la Nouvelle-Orléans, sur présentation de votre passeport et de votre billet aller-retour.
Santé : Le consulat de France à la Nouvelle Orléans publie sur son site une liste des hôpitaux locaux. Sachez que des médecins parlent français. A vérifier à l’accueil.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.